Voici l'homme qui a détruit ma vie, mais aussi celui 'grâce' à qui je suis ce que suis à présent. Draco, un impitoyable mercenaire, un roi de la guerre. Qui sait ce que l'avenir me réservait s'il n'avait pas mit mon village à feu et à sang, si ses hommes n'avaient pas tués ma famille... Je ne le saurais sûrement jamais. Je n'avais que 12 ans à l'époque mais cette journée était ancrée dans ma mémoire. Comment pourrais-je oublier ? Tout se passa si vite. J'aidais ma mère à faire la cuisine et l'instant d'après... les maisons brûlaient et les gens criaient. Nous nous sommes réfugiés dans une grange mais les flammes nous avaient encerclés. J'observais mes parents faiblir, respirant de plus en plus de fumée, faisant ce qu'ils pouvaient pour me préserver du feu brûlant qui commençait à les dévorer. Je finis par perdre connaissance. Je fus apparement sauvé par un voisin, une fois les mercenaires partis. Il me réanima. Mais il était trop tard pour mes parents... ils étaient morts. Il me confia à mon oncle qui habitait le village voisin. Il me dit que je pouvais pleurer si je le voulais, que c'était normal et même nécessaire.

Non, je ne pleurerais plus jamais.

Cette larme fut la dernière qui coula sur mon visage. Elle sécha avec le fort vent qui soufflait ce jour là, et plus aucune ne voulu prendre sa place. Après la mort de mes parents, je fus recueilli par mon oncle. Ils avaient beau essayer de me réconforter. Rien n'y faisait. La Kara qu'ils avaient connu été morte avec le village Cosedia. Je ne serais plus jamais cette petite fille heureuse et pleine de vie. J'avais l'impression d'être vide, de ne plus rien ressentir. Qu'était-on supposé ressentir lorsque votre famille était décimée ? Lorsqu'un homme avait prit plaisir à détruire tout ce à quoi vous teniez ? Je n'avais plus de repère... plus de modèle... j'étais seule. Je rêvais toutes les nuits de ce carnage. De cette chaleur étouffante, des villageois enfermés dans leur maison en flammes car ils avaient trop peur des mercenaires dehors, des plaintes de mes parents... Je trainais ma peine et ma douleur à longueur de journée. Je n'étais plus que l'ombre de moi même. Les cauchemars continuaient encore et toujours. Néanmoins, au fil des années, les images de Codesia en flammes finirent par laisser place à une seule chose : Draco. Elle revoyait sans cesse son visage. Sa haine remplaça sa douleur. S'en était trop. Elle allait venger ses parents.

C'était décidé. Draco allait mourir.

Draco allait payer pour ce qu'il avait fait à ma famille et au village de Codesia. Et c'est moi qui prendrait sa vie de mes mains. Mais je n'étais encore qu'une adolescente et lui un seigneur de la guerre. Qu'importe. Cela ne me faisait pas peur. Plus rien ne me faisait peur. J'avais déjà connu le pire dans ma vie. Plus rien ne pouvait m'atteindre. Je parti un jour sur les routes, quittant mon oncle et sa famille. Ils étaient bon avec moi mais ne comprenaient pas ma soif de vengeance. Mon premier meurtre se passa à quelques lieux de cette maison. Un homme tenta de profiter de moi. Je suis une jolie fille, il faut bien l'avouer. Il ne s'attendait certainement pas à une telle résistance et une telle furie. Je n'avais aucune technique, ni beaucoup de force... mais une telle volonté de vaincre. Ma haine était mon moteur. Le combat ne fut certainement pas époustouflant mais je réussi à prendre son épée et le transpercer avec. Mon dieu, je me souviendrai de cette sensation tout ma vie. Quel régal ! Je savourais les différentes émotions qui passaient sur son visage, son sang qui coulait sur ma main et mon avant bras. Je me sentais bien, pour la première fois depuis très longtemps. Je gardais cette épée ensanglantée durant un long moment. Je continuais mon chemin, ponctué de combats et de meurtres à l'occasion. Bien sûr, je fus souvent blessée au début, je reçu pas mal de coup... mais ma fureur finissait toujours par triompher. J'appris à me battre sur le tas. La meilleure des écoles. J'assimilais très vite les mouvements et les techniques les plus efficaces. Cela me semblait tellement naturel. Un peu comme si je l'avais toujours su, comme si c'était en sommeil au fond de moi. De plus, j'avais un atout indéniable : ma rage. C'est elle qui alimentait ma quête et me perfectionnait peu à peu. Je voyais le visage de Draco à chaque assaillant et me défoulait sur lui avec fureur. Je devins plus forte, plus agile, plus athlétique au fil des années. Je recherchais de plus en plus le conflit, à me mesurer aux pires mercenaires que je pouvais croiser... et les massacrait avec une facilité et un plaisir grandissant. Mon nom commençait à circuler dans le pays.

Et ce n'était que le début.

J'étais forte, respectée, crainte. J'étais même à la tête d'un groupe de puissants mercenaires. Et pourtant, rien n'avait réellement changé. Draco m'obsédait encore et toujours. Je m'amusais follement à tuer de pauvres innocents, à détruire leurs villages et voler tout leur biens. Malgré ces joies simples de l'existence, ma douleur ne se dissipait pas. Je ne pouvais l'accepter. Je devais venger ses proches et ainsi apaiser mon esprit. La chance lui sourit enfin un beau matin. Je m'apprêtais à attaquer un village, jusque là, rien de bien exceptionnel. Mais lorsque mes hommes et moi arrivèrent à destination, celui-ci avait déjà été ravagé. Je reconnu sans peine la marque de Draco. Ses quelques hommes tombés au combat portaient son sceau. Il était donc là... tout près. Je sentais mon sang bouillir dans mes veines et mes poings se serrer d'impatience. Nous avons donc fouillé le village à la recherche de survivants. Deux hommes et une femme étaient encore en vie. Ils m'apprirent que Draco et ses hommes se dirigeaient vers Amphipolis. Je les poignardai en guise de récompense. La vie était bien trop cruelle pour d'honnêtes paysans comme eux. repris donc la route vers la cité désignée par ces derniers. Mon rythme été soutenu, j'étais motivée par ma rage et ne ressentais pas la fatigue. Mes hommes rechignaient mais n'osèrent pas s'opposer à moi. Il savait ce que ça leur coûterait. Je me rapprochais, je le sentais. Je fini enfin par le rejoindre. Lui et son armée avaient établi un campement à mi-chemin. Je mourrais d'envie d'aller l'égorger tout de suite. Mon premier lieutenant réussi à m'en dissuader. Mes hommes étaient épuisé et j'aurais plus de chance de l'avoir une fois que je serais moi-même reposé. Je finis par accepter. Il fallait que je sois à 100% de mes capacités. Soit, Draco mourra demain.

Je me levais à l'aube afin de m'introduire, seule, dans le campement et la tente personnelle de Draco. Il paru agréablement surpris de me voir au pied de son lit. Il croyait sans doute que j'étais un petit cadeau de sa troupe de mercenaires. Beurk, décidément tous les mêmes. Je lui donnais quelques minutes pour s'habiller et alla l'attendre au centre du camp. Ses hommes ne mirent pas longtemps à m'encercler. L'un d'entre eux me demanda ce que je voulais. Je répondis simplement que je voulais tuer leur chef. La franchise était ma devise. Ils m'apprécièrent évidemment pas du tout. Ils m'attaquaient et tombaient les uns après les autres. Draco finit par arrêter cette boucherie et vint me rejoindre. Il semblait moins impressionnant que dans mes souvenirs. Il voulait discutait, savoir ce que je voulais. Tout ce que je voulais c'était arracher son coeur de sa poitrine. Je lui expliquais tout de même ce qu'il s'était passé à Codesia, mes parents, le fait qu'il soit responsable de ce que j'étais à présent. Il avait tout de même le droit de savoir pourquoi il allait mourir. Il semblait fier cet enfoiré. Pendant mon petit monologue, mes hommes avaient fini par nous rejoindre. Lui et sa bande à droite, moi et la mienne à gauche. Draco était un homme qui aimait se divertir et qui adorait les challenges. Je n'eus donc aucun mal à l'attirer dans un tête à tête à mort. Nos hommes ne devant sous aucun prétexte intervenir. C'était la règle la plus importante, je pouvais difficilement tuer Draco ET sa multitude de mercenaires. Le gagnant remportait en plus les hommes de l'autre.

Le combat été lancé. Je ne tenais pas à place. J'attendais ça depuis tellement longtemps. Je revoyais mes parents dans les flammes. Ma haine redoubla d'intensité. Je frappais avec fureur, avec rage. Draco, lui, se contenait beaucoup plus. Les bruits de nos épées qui s'entrechoquaient se mêlaient aux cris d'encouragements des hommes autour de nous. Mon taux d'adrénaline devait crever le plafond. Jamais un affrontement n'avait été aussi serré. Draco dû donner son maximum afin de suivre mon rythme. Une seconde d'inattention et mon arme s'enfonça dans son épaule. Il ne put réprimer un cri de douleur. Humm, quelle délicieuse mélodie ! C'était la plus douce des symphonies à mes oreilles. Il se tint l'épaule quelques secondes, le temps de se reprendre. Voyant leur chef en difficulté, quelques uns de ses hommes voulurent intervenir. Il les arrêta d'un geste de la main. Je me passais la langue sur les lèvres devant cette vision de souffrance. Et le combat pouvait reprendre. Draco était plus agressif, il avait comprit que je ne jouais pas. Ses frappes étaient plus appuyées et plus précises. Soudain, une douleur vive m'envahit. Il avait saisi un fouet des mains d'un de ses mercenaires et m'avait frappé en plein visage. La plaie devait aller de ma joue à mon front en passant entre mes yeux. S'il pensait que ça allait m'arrêter... La souffrance était un moteur pas un frein pour moi. Je me jetais sur lui avec hargne. Il était temps d'en finir. Il était temps qu'il meurt. Mes coups étaient puissants, les siens aussi. Je frappais. J'encaissais. Un énième coup de sa part fit voler mon épée quelques mètres plus loin et me fit tomber un genou au sol. J'avais le visage baissé, mon sang coulait par terre. Je le sentais approcher. Encore. Encore un peu. Maintenant ! Je me relevais d'un coup, attrapai ma dague à ma ceinture et la plantai dans sa carotide. Le temps sembla s'arrêter. Une vague d'émotions passa dans son regard. Son sang chaud gicla sur mon cou. Il s'écroula alors à mes pieds... mort. Je laissai échapper un long cri de soulagement. Les hommes de Draco tentèrent de m'attaquer. Je me débarrassais rapidement de quelques uns avant que mes mercenaires ne prennent le relais. Je me retirais à l'écart de la bataille. Mes yeux se posèrent sur la lame pleine de sang dans ma main. C'était certainement le plus beau jour de ma nouvelle vie.

Draco été mort. Enfin.